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poisson_soluble

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25 juin 2007

crise contemporaine de la masculinité en Chine

On observe un processus de féminisation des hommes en Chine au long du XXème siècle et qui aboutit à une crise du modèle masculin. La défaite lors de la Guerre de l’opium, les dominations européennes et japonaises, la répression du mouvement protestataire du 4 mai 1919 et la répression communiste ont diffusé un sentiment de féminisation sinon d’humiliation et de castration symbolique. Dans les années vingt, les hommes avaient une tendance à la sensibilité exacerbée et à l’égocentrisme, due au sentiment d’humiliation de l’impérialisme. Les Chinois étaient jusqu’alors persuadés de leur supériorité raciale et du bien-fondé de leur mission messianique. On a d’un côté une jeunesse masculine sensible et fragilisée, et de l’autre une jeunesse féminine influencée par les modèles occidentaux de liberté individuelle et d’indépendance. L’image d’homme indépendant et entreprenant associé à ces valeurs est en contradiction avec la réalité des hommes de l’époque. Ce n’est plus un homme wen/wu que les femmes recherchent, mais un homme un vrai, à l’occidentale, bien macho et qui fait des études de commerce. J’ai trouvé un exemple intéressant de féminisation des hommes par les femmes dans un roman des années 50 écrit par une femme (oui oui je l’ai lu). Le soldat du roman est innocent, il rougit quand une femme lui parle, il exprime sa souffrance physique, il est ultra-sensible et puceau. Néanmoins il sacrifie sa vie pour sauver son régiment. Ce courage physique poussé à l’extrême n’appartient pas aux clichés traditionnels de la masculinité. En fait ce sont les femmes qui sont soumises à cette exigence, les veuves doivent se tuer à la mort de leur époux et une femme agressée doit se défendre jusqu’à la mort. A partir des années 80, les Chinois n’ont plus d’ennemi à combattre, on a un effondrement du modèle masculin. Ne reste que la position sociale et la richesse, comme en ont témoigné les grands yeux avides d’une copine pékinoise à qui j’en ai touché un mot. Les hommes regrettent la faible proportion numérique de femmes tandis que les femmes regrettent le manque de repère et de critère qui définissent un homme. Un livre publié en 1986 a eu beaucoup de succès : « A la recherche d’un vrai homme ». Selon mon amie taiwanaise, un homme doit être grand et riche. On voit ce manque d’idéaux dans la publicité : j’ai été frappée, en Chine, par une pub Adidas ou aucun sportif représenté n’est de type asiatique, mais plutôt latin ou africain. Le sport est un attribut classique de la masculinité en Occident, les Chinois ont du être influencés par ce cliché, puisque les sportifs de l’affiche étaient d’allure virile selon nos critères. Donc un Chinois ne peut pas représenter la virilité. Autre exemple : les affiches pour les robes et costumes de mariés, où les modèles sont blonds aux yeux bleus. C’est une exception d’ailleurs, tout comme la pub pour une montre où l’on voyait Nicole Kidman. Nous avons eu la même affiche en France, mais dans la version chinoise les yeux et les cheveux sont encore plus clairs. Mis à part ces exceptions, les modèles chinois sont soit des Asiatiques au teint pâle et avec de grands yeux, soit des occidentaux aux cheveux et aux yeux noirs et légèrement bridés, sûrement des métis. Le canon de beauté chinoise est donc issu d’un métissage entre les types asiatique et occidental. Sur la page d’accueil de la version chinoise de meetic, non seulement la femme occupe le premier plan, mais encore l’homme apparaît flou et de côté. Sans parler de la couleur rose. Les femmes semblent en position de supériorité dans le choix du partenaire et du mari, à cause de la disproportion numérique et de l’ascension sociale que connaissent les Chinoises. http://www.meetic.com.cn/
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25 juin 2007

La Nébuleuse du crabe, extrait

Crab ne comprendra jamais pourquoi, malgré leurs jambes deux ou trois fois plus longues, leur taille plus élancée, et ce cou qui ne veut pas finir, les femmes sont en moyenne plus petites que les hommes. Ce n’est d’ailleurs qu’un exemple. En réalité, Crab ne comprend absolument rien aux femmes. Et pour commencer, il ne comprend pas un traître mot de ce qu’elles disent. Il parle avec aisance plusieurs langues, mais sa parfaite maîtrise du chinois ne lui est d’aucune utilité avec les Chinoises. Leurs gestes non plus ne lui permettent pas de saisir le sens de leurs paroles. Quand une femme lui désigne un siège, il prend l’air surpris, remercie à tout hasard, et quitte la pièce en emportant cet insolite et encombrant cadeau. Quand elle lui désigne son lit, il convoque les déménageurs. (..) Comment, sachant cela, Crab oserait-il approcher les femmes, sachant aussi que sa salive mêlée à une autre salive forme aussitôt du charbon, que ses doigts noués à d’autres doigts ne se dénoueront plus, que son souffle blanchit les cheveux, que ses caresses gercent le cuir des éléphants, et que ses lèvres aspirent toute moelle vivante ? Cela dit, patient, attentif, fin pédagogue, volontiers joueur et conteur, Crab ferait un excellent père.
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